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IL S’ÉTAIT LEVÉ TÔT.

Il avait trouvé la cuisine du réfectoire et s’était préparé un café. Maintenant, il observait le paysage à travers la baie vitrée de la salle. Le jour se levait et il découvrait un décor qu’il n’avait qu’aperçu la veille, sous la pluie. Fini les galets, les palmiers, les oliviers… C’étaient maintenant des gorges abruptes, des falaises rouges, des forêt de sapins, des lacets suspendus au-dessus des abîmes.

Surtout, la vue s’ouvrait sur une vallée d’ombre, comme étranglée par les montagnes. Un décor étroit, rugueux, glacé, qui semblait prêt à broyer des carcasses d’avion dans ses mâchoires. Narcisse contemplait ces déserts avec plaisir. La vallée était comme un royaume de pierre qui se refermait sur lui – et le protégeait.

Café en main, il s’orienta vers une autre salle qu’il avait repérée. Il remonta le corridor. Il aimait aussi l’architecture de l’institut. Les murs porteurs étaient de béton brut. Les parois des couloirs en ciment peint. Pas l’ombre d’une fioriture ni d’un ornement inutile. Des lignes, des surfaces, et rien d’autre.

L’atelier informatique. Cinq ordinateurs s’alignaient sur un comptoir de bois clair. Cliquant sur le premier clavier, il s’assura que les machines étaient connectées à Internet. Il lança une recherche sur Google.

MATRIOCHKA.

Le mot mystérieux, à consonance russe, qu’il était censé avoir prononcé au chevet d’Icare. 182 000 résultats étaient proposés mais les images en haut de l’écran donnaient la principale réponse : les célèbres poupées russes de bois coloré, s’enchâssant les unes dans les autres. Matriochka signifiait simplement « poupée russe ».

Il observa les petites grands-mères, fichus rouges et joues rubicondes. Têtes rondes, yeux ronds, corps en forme de culbuto. Cela avait l’air d’une blague. Que venait foutre ce mot, cette poupée, au milieu de son enquête ? Pourquoi avait-il répété ces syllabes à la manière d’une prière, à genoux près d’un homme mort reposant sur de grandes ailes brûlées ? Une autre idée le taraudait : le prédateur de Bougainville avait précisé que le mot de passe des assassins en costume était un mot russe. Matriochka ?

Il fit défiler les réponses. Poupées gigognes à peindre, à colorier, à broder, à utiliser en porte-clefs… Puis « Matriochka » devint un restaurant, un livre de contes, un film, un groupe de rock, une recette de cuisine, un atelier d’écriture, une vodka, une série de coussins…

Il aurait pu en rire mais le cœur n’y était pas. Tout en pianotant, il remarqua que le terme « poupée russe » était aussi celui qu’il utilisait pour désigner sa propre pathologie. Simple hasard ? Ou bien Victor Janusz, au chevet d’un ange aux ailes grillées, avait-il voulu dire qu’il n’était qu’une poupée russe ? Un voyageur sans bagage, lié aux crimes mythologiques ?

Il passa à sa seconde recherche.

ANNE-MARIE STRAUB.

Tout ce qu’il obtint avec ce nom, ce furent des profils sur Facebook et des articles consacrés au cinéaste Jean-Marie Straub. Il attaqua sous un autre angle. Frappa « suicide » et « asile psychiatrique ». Ce fut comme s’il avait ouvert une benne à ordures. Des dizaines d’articles virulents contre la psychiatrie, les antidépresseurs, les médecins spécialisés s’affichèrent, avec des titres du genre : « LA PSYCHIATRIE TUE », « HALTE À LA MANIPULATION MENTALE ! » ou « LE MARKETING DE LA DÉRAISON »…

Il affina sa recherche et décrocha des listes statistiques sur le nombre de suicides en hôpital psychiatrique pour les décennies 1990 et 2000. Des chiffres, des commentaires, des analyses, mais jamais de noms propres, jamais de cas particuliers. Confidentialité oblige. Il tenta d’associer « Anne-Marie Straub », « hôpital psychiatrique » et « Île-de-France ». Pour un résultat qui partait dans tous les sens, sans rien donner de cohérent.

Que lui restait-il ? Le bon vieux contact humain. Appeler les instituts spécialisés de Paris et de la région parisienne, trouver un psychiatre dans chaque HP, lui demander s’il se souvenait d’une suicidée – pendue avec une ceinture d’homme – durant les dix dernières années.

Absurde.

Surtout un dimanche à 9 heures du matin.

Il s’y colla pourtant. Dressa une liste approximative des hôpitaux et cliniques privés dans la région francilienne, en obtint près d’une centaine. Il décida de limiter sa quête aux quatre Établissements publics de santé mentale de Paris : Sainte-Anne, dans le treizième arrondissement, Maison-Blanche, dans le vingtième, Esquirol, dans le 94, et Perray-Vaucluse, dans le 91. Auxquels il ajouterait ensuite le Centre hospitalier spécialisé Paul-Guiraud, à Villejuif, et l’Établissement public de santé mentale de Ville-Évrard, à Neuilly-sur-Marne…

Une demi-heure plus tard, il avait usé sa salive sans obtenir le moindre résultat. Dans le meilleur des cas, il avait réussi à interroger un interne qui n’était là que depuis quelques années. La plupart du temps, il avait parlé à des standardistes qui lui expliquaient qu’il n’y avait aucun chef de service ce matin à l’hôpital. Nouvelle impasse.

10 heures du matin. On s’agitait dans le couloir. Des voix engourdies, des ricanements, des gémissements. Le murmure caractéristique des asiles. Il baissa les yeux et remarqua qu’il griffonnait nerveusement sur un bloc. Malgré lui, il avait dessiné la silhouette d’une pendue. Le tracé précis rappelait les animations d’Alexandre Alexeïeff sur des écrans d’épingles. Il fut heureux de cette référence – il n’avait donc pas tout oublié.

Corto avait dit :

« Quelque chose était vrai. Tu es réellement peintre… »

Comme le souvenir d’Anne-Marie Straub, comme ses connaissances de psychiatre, le don pour le dessin et la peinture avait traversé ses identités. Peut-être avait-il été à la fois peintre et psychiatre ?

Il se décida pour une nouvelle étude croisée. D’un côté, la liste des élèves des facultés parisiennes de psychiatrie dans les années 90 – il avait a priori dans les 40 ans, il avait donc suivi sa spécialisation vingt ans auparavant. De l’autre, la liste des étudiants des écoles d’art durant les mêmes périodes.

S’il trouvait un nom commun aux deux listes, il se trouverait lui-même… À cette réserve près qu’il pouvait être, côté peinture, autodidacte… Sur Internet, il n’eut aucun mal à établir les listes des anciens élèves des facultés parisiennes, des Beaux-Arts, de l’école du Louvre, le Web regorge d’anciennes photos de classe, de contacts entre promotions, de retrouvailles mélancoliques… La nostalgie est une des valeurs sûres de la Toile.

Il imprima les listes, se bornant d’abord aux universités et aux écoles parisiennes, les répartissant en deux groupes, art et psychiatrie, puis les ordonnant par année. La comparaison n’était pas impossible, les listes suivant toutes un ordre alphabétique, mais il en avait pour plusieurs heures…

Il aurait aimé aller se chercher un café mais les rires et les plaintes du couloir le dissuadèrent de sortir de sa planque. Stylo en main, il plongea parmi les milliers de noms.

Le passager
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